Harcèlement scolaire : pour le prévenir, parlons en !

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Ouistiti n’a pas encore deux ans et demi, et il ne fera sa première rentrée scolaire qu’en septembre prochain.

Vous allez donc peut être me dire que parler du harcèlement scolaire, ici, est précoce. Pourtant avec tout ce qu’on entend régulièrement aux infos, je ne peux m’empêcher d’appréhender ces journées, où Ouistiti passera plus de temps avec d’autres enfants qu’avec moi.

Vous allez peut être aussi me dire que je devrais avoir l’habitude, vu qu’il va à la garderie.

Ce à quoi, je vous répondrais que oui, mais aussi qu’actuellement, il est dans un groupe d’une dizaine d’enfants avec deux encadrants et qu’ils seront plus nombreux dans sa classe. De plus, il n’y va que 3 après-midis par semaine, alors qu’il ira 4 journées complètes à l’école.

Vous me direz sûrement qu’ils seront encore petits pour penser au harcèlement scolaire. Mais j’ai vu un reportage, récemment, dans lequel un petit garçon, d’à peine 5 ans, subissait des brimades répétées, de la part de deux de ses camarades.

Bref, oui, je m’inquiète, et c’est pour cela que j’ai été intéressée par la lecture de deux ouvrages que l’on m’a proposés, il y a quelques temps.

Le premier est le témoignage poignant d’Angèle Martin, maman d’un pré-adolescent victime de Happy Slapping, dans le collège où il est élève et où elle-même enseigne.

Happy Slapping - Harcèlement scolaire

Au cours de leur conversation, j’entends Théo parler d’une bagarre qui aurait eu lieu dans la cour, le dernier jour de classe. Je m’intéresse alors de plus près à la discussion, pose quelques questions et là, que me disent-ils ? Romain a été mis à terre et a reçu des coups de pied, il y a donc seulement une dizaine de jours. Il devait m’attendre une heure et avait, comme toujours, un ballon au pied. La récréation était finie, la cour était peu fréquentée et il jouait seul. Une bande de gamins de 6ème lui a sauté dessus, il les a repoussés une première dois mais ils sont revenus à la charge, l’ont jeté au sol, puis deux d’entre eux l’ont roué de coups de pied dans le ventre. Je tombe des nues : comment a-t-il pu subir ça et ne rien me dire une heure après ? »

Pour tout vous avouer,  j’ai mis du temps à lire ce livre dans son intégralité : je me suis projetée et les mots de cette Maman m’ont bouleversée : la violence subie par son enfant qui, comme souvent dans ces cas là, lui a caché les faits; son sentiment de culpabilité de n’avoir rien vu, alors qu’elle enseigne dans le collège où il a été agressé dans le seul but de diffuser une vidéo sur les réseaux sociaux; Et son combat pour retrouver les élèves agresseurs et empêcher la diffusion de cette vidéo.

Ce livre est aussi l’occasion de poser des mots sur ce qu’a subi son enfant, et l’aider ainsi à surmonter cette terrible épreuve. Elle met aussi en évidence la lenteur du système judiciaire qui n’avait toujours pas agi, alors que son fils commençait à aller mieux. Mais la nécessité de continuer leurs démarches malgré tout, pour qu’ils soient entendus et les agresseurs rappelés à l’ordre.

J’ai mis du temps, mais j’ai tenu à le finir car ignorer les choses ne les font pas disparaître et que ce témoignage devrait être lu par tous les parents, pour nous alerter sur les changements de comportement qui peuvent être des indices d’un harcèlement scolaire.

J’ai aussi fini cet ouvrage pour soutenir Romain, sa Maman, et plus largement leur famille, qui ont fait preuve de beaucoup de courage, tant dans leur combat que dans la rédaction de ce livre.

***

Le deuxième ouvrage fait complètement écho au témoignage d’Angèle Martin, puisqu’il apporte des solutions pour mettre un terme au harcèlement scolaire, en fonction de l’âge des enfants qui le subissent : une petite fille de 3 ans qui se fait bousculer à la maternelle, un garçon de 6 ans qui se fait insulter pour son physique, un adolescent racketté ou une adolescente harcelée sur les réseaux sociaux .

A chaque fois, Marie Quartier se base sur des exemples réels pour interpeller les parents, et les aider à apprendre  à leurs enfants comment se défendre.

Harcèlement à l'école - Harcèlement scolaire

Le harcèlement génère avant tout la dévalorisation de la victime. C’est pourquoi nous proposons ici une approche qui vise à revaloriser l’image de l’enfant harcelé, en l’aidant à mobiliser ses propres ressources. Soit en lui apprenant à se défendre face aux enfants qui le harcèlent, soit en lui permettant au moins d’être celui qui décide de la meilleure des solutions proposées. C’est pourquoi dans toutes les solutions, diverses et variées, que nous pouvons imaginer pour prévenir ou stopper le harcèlement, il nous paraît essentiel que l’enfant en souffrance soit complètement en phase avec la solution. Il n’y a pas de solution standardisée, aussi avons-nous choisi de partir de situations concrètes pour proposer des pistes de réflexion plus générales. Chaque cas décrit est ancré dans un contexte bien particulier et c’est volontairement que nous insistons sur ce contexte, afin de ne pas laisser croire que les solutions sont duplicables sans discernement.

J’ai commencé par lire les situations qui pourraient concerner Ouistiti, et j’ai trouvé l’approche détaillée et rassurante.

Publié dans la collection « les consultations du Pédopsy », cet ouvrage bénéficie du parcours atypique de son auteure qui a d’abord enseigné dans les collèges et les lycées, avant de se former à l’accompagnement des élèves en souffrance. Elle est, actuellement, responsable du réseau Orfeee dédié au traitement des problèmes et souffrances scolaires.

J’espère que vous et moi ne verront jamais nos enfants confrontés au harcèlement scolaire. Mais je vous conseille vraiment de lire ces deux ouvrages très bien écrits, pour avoir tous les éléments en main au cas où.

 

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4 Commentaires

  1. Tout comme toi, j’espère que jamais ma fille soit harcelée ou encore harcèle un autre enfant.

    D’une manière générale, je déteste l’injustice, et le fait de s’attaquer aux plus faibles m’a toujours exaspéré.
    Je note les choix de lecture que je trouve toujours difficile à lire mais dont il faut vraiment prendre conscience.

  2. Ton article me touche car mon fils âgé de 14 ans vient de perdre son ami qui s’est suicidé suite aux harcèlements . Je t avouerais que le college ne considère pas que se faire cracher dessus , insulter chaque jour soit du harcèlement mais des moqueries . Mon fils se sent responsable de ne pas être plus intervenu ( l’an dernier il avait dû défendre un des ses copains , frappé, insulté quotidiennement au college et malgré les plaintes des parents , la CPE ne trouvait rien d autre à dire qu il faut prendre sur le fait. Maintenant cet ami est tranquille, toutes ses méchancetés auraient pu durer éternellement . ) j’ai du prendre RDV chez une psy pour qu’elle lui explique que ce n’était pas sa responsabilité mais celle des adultes, du college . Il est tellement en colère . La psy a su trouver des mots d ado, juste , pour lui parler. Les parents de son copain ont porter plainte Contre le college et j’espère qu elle aboutira. Les harceleur savent choisir leurs victimes et certains adultes préfèrent fermer les yeux il n’y a pas assez de prévention
    Merci pour ton article

    • Ton message me touche énormément. J’avoue qu’au départ, j’ai hésité lorsqu’on m’a proposé le livre sur le « Happy Slapping ».
      Je me connais et je savais que j’aurais du mal à le lire. Et je le suis aussi dit que c’était un sujet trop « vieux » sur un blog d’une maman d’un garçon de 2 ans.
      Et puis, je me suis dit que Ouistiti allait aller à l’école, au collège et que je pourrais regretter cette fébrilité.
      J’ai aussi pensé à vous qui n’avez pas toutes que des enfants en bas âge, et vous pourriez donc être intéressée de savoir que des livres comme ceux-là existent.
      Le harcèlement est rendu possible par la cruauté de certains enfants (et leur « don » pour savoir quel camarade sera atteignable), et le silence des adultes qui encadrent ces enfants sans faire leur travail qui est aussi d’assurer leur sécurité.
      Ton fils subi ce harcèlement par ricochet, et c’est scandaleux que ça en soit arrivé jusque là.
      J’espère que la plainte des parents de son ami ira jusqu’au bout.
      N’hésite pas à leur donner le site d’Orfeee que je cite dans mon billet. De même pour toi, si tu sens que ton fils a besoin de soutien (tu peux complètement cité mon billet pour dire que tu as eu connaissance du livre d’Angele Martin et du site par ce biais. C’est sa maison d’éditions qui m’a envoyé son livre)
      Ce n’est absolument pas de sa faute, et en aidant son autre copain, il a montré tout son courage que les adultes qui les encadrent n’ont pas.
      J’espère que le temps apaisera la douleur de cette famille et de ton fils, même si leurs blessures seront toujours là quelque part.
      Je t’embrasse

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